Futurs vivants
alternatifs
De nouveaux récits pour repenser notre rapport au vivant et enrayer le déclin de la biodiversité.
Contexte
Pour
Ville de Paris, 2022
Ces synopsis ont été imaginés dans le cadre de la démarche Futurs Vivants ↗ portée par la Ville de Paris pour explorer les futurs de la biodiversité à l’horizon 2040.
F·r·ictions
Fragments de f·r·iction
↘ Le Plan Local d’Acupuncture Urbaine
Paris, ville vivante et ville malade, est soignée par un Plan Local d’Acupuncture Urbaine qui combine urbanisme et théorie de l’acupuncture issue de la médecine chinoise traditionnelle. Il s’agit de revitaliser les zones malades dans le but de déclencher des réactions en chaîne positives.
On mobilise l’expertise des acupunct’ORE qui orientent la localisation des Obligations Réelles Environnementales* en Île-de-France, protégeant notamment les sols de l’artificialisation ou assurant la filtration des eaux par le végétal à des endroits stratégiques.
La ville abandonne sa politique de végétalisation disparate, décriée comme un pansement collé « à la va-vite » sur le problème de la fragmentation des milieux naturels engendré par l’urbanisation. Le bâti et le végétal s’épousent avec une cohérence inédite, de manière à accueillir avec fluidité l’ensemble du vivant au cœur de la métropole. À titre d’exemple, les plantes médicinales grimpent sur les hôpitaux, les vitraux des églises-serres protègent les espèces les plus sensibles aux variations climatiques.
*L’Obligation Réelle Environnementale (ORE) est un outil juridique permettant aux propriétaires d’attacher à un terrain des obligations de protection de l’environnement.
↘ Les pirates inattendus
Les animaux sont un angle mort de la ville intelligente. Que ce soit la cohabitation difficile entre goélands et drones ou la non-reconnaissance des chiens et chats par les voitures autonomes, difficile d’être un animal — et même un végétal — dans ladite « smart city ». Nos compagnons domestiques sont eux aussi connectés. Désormais surnommés datanimaux, ils connaissent les affres de la cybersécurité urbaine, en étant, tour à tour, piratés et eux-mêmes vecteurs d’attaques. La nouvelle zoonose aura finalement tenu du virus informatique, passant des plantes/animaux en réseau à l’humain connecté !
Les animaux et végétaux deviennent de précieux alliés d’un mouvement de tech backlash, cherchant à mettre en lumière la fragilité de la ville connectée et l’impact du numérique urbain sur l’environnement. Des hackvisites mobilisent ainsi la faune et la flore sauvage pour altérer l’infrastructure intelligente des rues et bâtiments, que ce soit en dupant les capteurs urbains ou en dégradant les connectiques.
↘ La nouvelle fin de vie
Le processus de mort se prépare dès la fin de vie dans l’un des EPHAD de la région. L’établissement propose à ses pensionnaires de cultiver des mycètes qui joueront un rôle bien particulier puisqu’ils composeront le biomix dans lequel ils seront enterrés. Ce biomix permet la décomposition du corps tout en le nettoyant des métaux lourds et autres toxines accumulés tout au long de la vie. Chaque pensionnaire choisit le programme alimentaire qui lui convient et qui déterminera la composition précise de son biomix mortuaire, permettant de préparer l’organisme au mieux pour qu’il soit au goût des champignons qui s’en nourriront.
En d’autres lieux de la métropole, un nouveau métier fait la part belle à la coopération interespèces : celui du croque-mort. Ce terme désuet retrouve son sens premier dans l’association entre insectes nécrophages et équipes humaines ; tous deux chargés ensemble de procéder à l’accueil des personnes défuntes au sein de l’écosystème du « cimetuaire », système de cimetière sanctuaire, bien davantage lieu du vivant que lieu funéraire.