
Disobedient Wearables
Faire de la désobéissance le cœur des usages des wearables
Disobedient Wearables est une exploration critique qui se situe à l’intersection entre la tendance des wearables — ces vêtements et accessoires connectés portés sur soi — et des enjeux sociétaux tels que le travail, la liberté de conscience ou encore la violence étatique.
Partant du constat que ces technologies représentent un changement lent, mais inévitable dans nos vies, Disobedient Wearables propose d’explorer les controverses émergentes et durables liées à l’impact social et culturel de ces dispositifs connectés qu’on lie volontairement à nos corps et à notre intimité.
La notion protéiforme de désobéissance tisse un fil rouge pour nos extrapolations et spéculations : comment pouvons-nous désobéir à ces objets connectés qui nous mettent en données et s’immiscent dans notre vie privée ? Comment ces technologies peuvent-elles, à leur tour, désobéir aux attentes et aux injonctions de leurs concepteurs et utilisateurs ?

↑ Le collier RecovR de Data2Debt asservit son utilisateur en le transformant en « vache à données », trahissant ainsi sa promesse de liberté financière.

↑ Le manuel du Civic Armor, un wearable DIY qui documente les violences policières et soutient la désobéissance civile.
Disobedient Wearables s’articule autour de trois volets complémentaires, chacun ouvrant des perspectives critiques.
- Au cœur de l’exploration, un triptyque de wearables fictionnels :
– Civic Armor, un sous-vêtement qui enregistre et diffuse les violences policières.
– Data2Debt, un ensemble de wearables qui revend les données personnelles de l’utilisateur pour rembourser ses dettes.
– Rectified-Self, une oreillette qui récompense ou punit son porteur selon l’atteinte ou non de ses objectifs quotidiens. - Un atelier ouvert à toutes et tous, pour sensibiliser aux mésusages et abus possibles des wearables, en lien avec des problématiques sociales comme le précariat et la marginalisation.
- Un kit ludique de spéculation, Obey Obey Disobey, pour imaginer de nouveaux wearables désobéissants.
Au plan méthodologique, Disobedient Wearables s’affirme aussi comme une expérimentation de ce que pourrait être un processus de Design Fiction ouvert et libre (Open Design Fiction). La structure du projet est venue tester une approche complémentaire entre des scénarios de design fiction, des kits d’outils et des événements participatifs, au sein d’une même démarche, et autour d’un thème commun. En impliquant les publics dans un processus de co-design fiction, en publiant des ressources et en documentant à la fois les méthodes et les retours recueillis, Disobedient Wearables pose de nouvelles méthodes et partis-pris pour permettre à d’autres de construire et d’itérer sur nos visions.
Data2Debt a été exposé à La Biennale Internationale de Design Saint-Étienne (France, 2017) et à la Vienna Design Biennale / How Will We Work? (Autriche, 2017).

↑ L’oreillette intelligente de Rectified-Self pousse à l’extrême le concept de quantified self, avec un wearable qui rectifie l’utilisateur lorsque ses objectifs ne sont pas atteints.

↑ Le jeu de cartes Obey Obey Disobey propose d’imaginer de nouveaux wearables désobéissants.

↑ Instantané de l’atelier Critical Textiles à Stereolux (Nantes) en 2015, qui marquait le lancement du cycle de Disobedient Wearables.