Un disque dur défectueux dans un coffret de satin bleu, avec un écriteau mortuaire annonçant le décès du disque dur

Data Funerals

Comment faire le deuil de nos chères données disparues ?

Carte Blanche

2019

Si nous sommes à l’aune de devenir une civilisation (du) numérique – comme cela l’a été martelé de si nombreuses fois – et si les funérailles sont considérées par les anthropologues comme l’un des fondements d’une société, alors devrions-nous imaginer des funérailles pour nos précieuses données ? Leur accordons-nous suffisamment de valeur pour leur offrir des obsèques dignes, une fois ces traces bien aimées de nos vies disparues ?

Les données jouent un rôle crucial dans notre vie et sont devenues une extension numérique de nous-mêmes. De fait, elles sont même devenues les briques essentielles de nos sociétés dites « data-driven », mises au régime de la donnée. Cependant, elles restent des bribes fragiles, volatiles et vulnérables de notre double numérique, même à l’ère de la sauvegarde généralisée. Face aux fuites, aux piratages, aux mauvais usages et aux startups faisant banqueroute, les données sont exposées à un large éventail de risques existentiels.

Cependant, sommes-nous seulement prêts à surmonter la perte de ces « êtres chers » numériques ? Data Funerals aborde cette question de la disparition des données par le prisme de son impact émotionnel sur l’utilisateur. Ainsi, qui n’a jamais connu ce sentiment de peine et d’impuissance devant le crash inopiné d’un disque dur externe ?

Les design fictions imaginées pour cette carte blanches extrapolent des futurs souvent décalés, dans lesquels de possibles rites et services accompagnent celles et ceux endeuillés de la donnée.

Un ordinateur portable est posé devant une planche en bois de Ouija avec un verre retourné, dans une ambiance sombre et mystique

↑  En désespoir de cause, face au crash de son ordinateur, un utilisateur organise une séance de « 0u1ja » comme une expérience spirituelle et introspective pour tenter de se reconnecter à ses données perdues.

Une main tient un prospectus pour un pèlerinage dans un datacenter de Facebook pour commémorer ses données disparues

↑  L’église Datavengéliste propose des pèlerinages pour se reconnecter à ses données perdues, jusqu’aux data centers où celles-ci reposent pour l’éternité.

Un disque dur défectueux dans un coffret de satin bleu, avec un écriteau mortuaire annonçant le décès du disque dur
Une clé USB encadrée est posée sur un meuble entre deux vases

↑  Les périphériques de stockage défaillants deviennent une « mundane relic » (relique banale), un souvenir précieux conservé dans l’espoir de récupérer, un jour, les données disparues.

Une publicité pour des digital mourners proposant des services pour pleurer des données perdues

↑  Tels des « pleureuses du numérique », les « digital mourners » sont des micro-travailleurs qui proposent leurs services de lamentation sur les réseaux sociaux du commanditaire pour compatir publiquement à sa perte de données.

Un cadre est posé sur un bureau affichant plusieurs cartes remémorant à une personne pourquoi elle a abandonné ses données Facebook

↑  L’anti-mémorial des choses de l’Anthropocène est un monument funéraire intime pour se rappeler les bons côtés d’une perte des données, ce qu’on gagne à se passer désormais des services numériques toxiques qui faisaient autrefois partie de nos vies avant qu’on s’en débarrasse.

Une tablette de granite est posée sur une table, avec le code source d'une image JPG gravé en caractères dorés

↑  Les membres du mouvement des « extreme backupists » explorent les modes de sauvegarde de données les plus radicaux, ici littéralement gravées dans le marbre.