
Animals of the Smart City
La vie secrète des animaux dans l’angle mort de l’urbain connecté
Figure emblématique de l’Innovation avec un grand I, la Smart City cristallise bien de fantasmes, fortement influencés par d’anciens, mais persistants, mythes de sécurité et d’efficience. Ces croyances se trouvent remises au goût du jour, à l’aune des technologies numériques imbriquées dans le tissu urbain.
Parmi les nombreuses frictions et incertitudes qui traversent les smart cities, les animaux relèvent de l’angle mort et de l’impensé. Les différentes initiatives de villes intelligentes n’envisagent ni la présence de la faune sauvage ni celle d’animaux domestiques dans leurs programmes de développement. Dès lors, quels pourraient être les enjeux liés à la présence d’animaux dans une ville intelligente ? Qu’est-ce que la prise en compte de la faune pourrait changer au sein même de l’infrastructure urbaine d’une part, et d’autre part pour le comportement des animaux, domestiques comme sauvages ?
Notre projet de recherche-fiction au long cours Animals of the Smart City décline la fable du premier bug — cet insecte coincé dans les transistors des premiers ordinateurs qui aurait créé la première erreur informatique — à l’échelle de la ville. En fil rouge des extrapolations, comment l’animalité, et cet instinct qui lui est propre, s’expriment dans cet espace sous contrôle et pétri de technologies dites prédictives ?


↑ Les Falcon Punch sont des pillards de « haut vol » qui font appel à des oiseaux de proie pour intercepter et dépouiller les drones de livraison qui parcourent les cieux de la ville.


↑ Dans une ville d’Athènes hyperconnectée, « Les Fils de Kyôn » sont une communauté solidaire de réfugiés qui ont noué une alliance avec les milliers de chiens errants de la ville afin de se soustraire aux yeux numériques des autorités qui les traquent.
Les scénarios spéculatifs qui structurent Animals of the Smart City cherchent à interroger les relations complexes entre les faunes, les infrastructures numériques et les habitants connectés. Des animaux domestiques conçus « sur mesure » à partir des données urbaines au braquage de drones à l’aide de l’art ancestral de la fauconnerie, les différents produits, services et pratiques évoqués par ces fictions prennent racine dans des archétypes tirés de la rhétorique des villes connectées. Les animaux y (re)deviennent alors des habitants et des usagers inattendus de la ville connectée, en en démontrant les limites techniques et éthiques.

↑ Aperçu de la matrice de spéculation pour classer les premières pistes de scénarios spéculatifs, identifier les axes d’exploration manquants et articuler les fictions avec cohérence au sein de grandes familles de récits.

↑ Aperçu du canevas de spéculation testé pour développer les scénarios d’Animals of the Smart City.