
Futurs Vivants
F(r)ictions pour une biodiversité préservée
Futurs Vivants est une initiative de la Ville de Paris qui s’inscrit dans son programme de résilience et de prospective. La démarche a eu pour but d’interpeller et de sensibiliser les Parisiennes et Parisiens sur les effets potentiels du déclin global de la biodiversité à l’horizon 2040. L’intention était plus particulièrement de mettre en lumière les répercussions que cette érosion du vivant pourrait avoir sur l’ensemble du vivant à Paris, ainsi qu’à l’échelle métropolitaine et régionale.
Pour appuyer cette volonté de sensibilisation, nous avons développé sur-mesure une « boîte aux futurs » destinée à accompagner les agents de la Ville de Paris dans l’animation d’ateliers prospectifs et d’expériences de projection-débat dans les différents arrondissements de la Capitale.
Futurs Vivants se veut un outil polyvalent, didactique et ludique, conçu pour diffuser quatre scénarios explorant les futurs possibles de la biodiversité, au cours de formats participatifs pouvant aller de 30 minutes à une journée entière.
Pour cela, la boîte aux futurs contient une série de ressources aidant à réfléchir aux enjeux actuels comme aux défis à venir du déclin de la biodiversité, et à imaginer la résilience du territoire parisien : des fictions, des artefacts spéculatifs illustrant ces récits, des formats d’ateliers et même un jeu de rôle pour une immersion complète dans ces futurs possibles.


↑ Cette boîte aux multiples futurs est un kit didactique et ludique pour essaimer les scénarios imaginés, les discuter et les enrichir.
À travers ses scénarios et ses outils de projection, Futurs Vivants invite donc à un détour collectif par demain, porté par des ambitions complémentaires :
- (Se) Sensibiliser aux enjeux actuels
Les contenus de Futurs Vivants ont été co-construits avec l’appui de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB), en tenant compte de la complexité de la biodiversité et de l’impact systémique de son déclin sur l’habitabilité du territoire. Santé, alimentation, logement : les fictions permettent de rendre intelligible la manière dont le déclin de la biodiversité affecte déjà la vie des Parisiennes et des Parisiens.
Futurs Vivants se veut aussi un thermomètre d’une connaissance et d’une appropriation plus globale des sujets environnementaux par les habitants-usagers de la Capitale : où en sont les idées reçues, les imaginaires, les marges de manœuvre.
- Anticiper les transformations à venir
Futurs Vivants propose quatre scénarios radicaux et volontairement provocateurs, qui poussent volontairement les curseurs et les signaux identifiés par le cabinet de prospective Tomorrow Begins Now !. Ces fictions extrapolent l’état actuel des connaissances pour mieux spéculer sur ce que pourrait devenir le quotidien à Paris lorsque les écosystèmes se dégradent et, au contraire, lorsqu’ils sont pleinement préservés.
Se projeter dans ces futurs, c’est se préparer aux évolutions probables comme inattendues, dès aujourd’hui. À l’image d’une pièce de théâtre anticipatrice, ces scénarios permettent de « répéter » les conséquences du déclin de la biodiversité avant qu’elles ne se réalisent, et d’imaginer des alternatives plus souhaitables pour l’intérêt général et l’ensemble du vivant.
- Débattre pour éclairer l’action de la collectivité
Futurs Vivants est également un exercice démocratique. Les design fictions sont un support à la projection, à l’imagination et à la prise de recul, mais surtout aux échanges. Parce que les trajectoires présentées posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponse, il convient de les mettre en débat pour en évaluer le caractère plausible comme souhaitable.
La Ville de Paris a ainsi convié ses habitants-usagers à prendre part aux ateliers Futurs Vivants pour discuter, contredire ou enrichir les perspectives esquissées par Futurs Vivants. Doit-on se diriger vers ces horizons ? Comment y aller ? Ou au contraire les éviter ? Mettre en discussion ces scénarios dans une démarche de prospective citoyenne devait ainsi contribuer à faire émerger collectivement les stratégies et les actions à mener dès aujourd’hui pour préserver la biodiversité.



↑ Les design fictions de La Grande Arche du Vivant mettent en scène un référendum, à Paris en 2044, au cours duquel les citoyens décident quelles espèces sont à sauver en priorité.

Paris adopte une nouvelle ligne de conduite baptisée « Bons voisins, bons ancêtres », qui s’incarne dans tous les aspects de la vie quotidienne. Pour la municipalité comme pour ses habitants et usagers, il s’agit de prendre en compte les impacts de chacune de ses décisions sur le « voisinage ». Cela peut concerner l’impact sur son voisinage spatial — du bout de la rue au bout du globe — ou sur son voisinage temporel, à savoir les générations à venir. Reflet de ce changement de mentalité, l’expression « Peser le pour et le contre » s’est transformée pour discerner l’accessoire de l’essentiel : désormais on « pèse le 7 et le 7000 », en se demandant ainsi quel poids peut avoir une action dans un rayon de 7000 km et pour les prochaines 7 générations. Une manière de prendre soin de tous les vivants, ici et maintenant, comme ailleurs et demain.
Extrait du récit
Bons Voisins, bons ancêtres


↑ En 2038, « Bons voisins, bons ancêtres » est la nouvelle ligne de conduite de la Ville de Paris, comme en témoigne ce Monument aux Vivants à venir et les stickers promotionnels invitant à peser « le 7 et le 7000 ».



↑ La Règle du 50/50, ou « loi de réensauvagement », impose le partage de 50% de son espace de vie avec le vivant non-humain.

Faisant fi de leurs rivalités passées et du fameux « mille-feuille territorial », les collectivités d’Île-de-France, emmenées par la Ville de Paris, se sont regroupées au sein du Bureau Francilien de Biomigration (abrégé BFB, aussi connu comme le « Biomig »). Et pour cause, l’érosion de la biodiversité n’a pas de frontière, ce qui amène à un effort métropolitain, et par extension, régional.
Le BFB est un organisme unique en son genre. Le bureau est doté d’une prérogative bien spécifique : identifier les besoins naturels des territoires et organiser en conséquence le fléchage du déplacement des individus et de leurs familles. Les habitants sont ainsi invités à migrer vers des destinations au préalable balisées par le bureau, selon deux critères principaux : un, préserver les zones dont la biodiversité doit absolument se régénérer, et deux, répartir les compétences dont les villes ou quartiers ont besoin pour compenser les effets de la perte de la biodiversité.
Extrait du récit
Toutes et tous biomigrants




↑ Toutes et tous biomigrants nous plonge dans un monde où l’on change de lieu de vie tous les trois ans pour permettre à la biodiversité locale de se régénérer.

↑ Un outil d’atterrissage aidant à synthétiser les pistes d’action apparues au fil des discussions d’un atelier.
Les productions et enseignements issus de la démarche ont contribué à la refonte de la stratégie de résilience et à la révision du Plan Biodiversité de la Ville de Paris, engagé en 2024.