
Protéger la vie privée en 2030
Libertés, inégalités, vies privées
À l’invitation de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, et au côté de nos complices Daniel Kaplan (Université de la Pluralité) et le Groupe Chronos, cette étude prospective et spéculative a esquissé une série de futurs pour la vie privée à l’horizon 2030.
L’objectif principal de ce détour par demain était de proposer de nouveaux récits et imaginaires permettant d’interroger notre rapport à la vie privée et à la protection des données personnelles dans un futur proche où le numérique devient toujours plus « ordinaire » et « diffus ». L’approche par le Design Fiction a été retenue pour apporter une réflexivité sur les pratiques de régulateur de la CNIL.
Tout au long de la démarche, nous avons cherché à mettre en évidence les frictions qui pourraient être déclenchées par les usages des technologies dans différents groupes sociaux et moments de la vie numérique, ainsi que les risques qui en découleraient pour les libertés individuelles et collectives.

↑ Un aperçu de la plateforme collaborative de collecte des imaginaires de la « vie numérique en 2030 », proposée par l’Université de la Pluralité.
L’exploration s’est organisée autour de quatre axes de départ interconnectés : les évolutions de la « vie quotidienne », les pratiques numériques dites ordinaires, les inégalités et les différenciations sociales, ainsi que la relation des publics à la notion de « vie privée ».
Au fil du projet, ces axes ont structuré à la fois notre documentation prospective, la collecte participative d’imaginaires et le développement de scénarios spéculatifs, jusqu’à leur concrétisation en design fiction.
Trois futurs possibles et provocants ont émergé de cette matière prospective et spéculative :
- Réputé ou répudié, avec un futur où la notation‑réputation, conjuguée au pluriel, fait loi.
- L’ingérence face aux ingérables, où l’État instaure une ingérence numérique au nom de l’intérêt général.
- Home Sour Home, où les murs de différents foyers se sont imprégnés de données.
Ces univers fictionnels — ainsi que les objets qui en sont emblématiques — ont été conçus pour projeter la CNIL dans des mondes ambigus et des contextes inattendus dans lesquels l’autorité pourrait, demain, évoluer. Les scénarios ont pris vie et gagné en profondeur lors d’un atelier réunissant des experts des usages numériques et au contact des problématiques d’inégalités sociales.
Ces réflexions, issues des débats et enrichies par de nouvelles visions spéculatives, ont nourri le cahier Innovation & Prospective « Scènes de la vie numérique » du Laboratoire d’innovation numérique de la CNIL, pour inspirer les futures actions du régulateur.


↑ Gauche : Une publicité de la compagnie d’assurances Bonaloi surfant sur le phénomène de cosplayification. Sa dernière offre, en partenariat avec une idole de K-Pop, propose d’indexer ses comportements sur cette personnalité pour bénéficier d’avantages tarifaires.
Droite : Une lettre de refus de la Direction Générale des Transitions Socioécologiques à une demande d’indemnisation. L’agriculteur se voit ici exposer et opposer les actes qui ont, selon l’administration, contribué indirectement à son sinistre.

↑ Un extrait d’un photoreportage sur les « Foyers d’aujourd’hui », la famille découvre le pack datome, après avoir signé un contrat d’exclusivité numérique avec Greedle.

↑ Un aperçu de la frise de rétrospéculation imaginée collectivement en atelier, retraçant les étapes qui ont conduit à l’apparition du futur esquissé dans le scénario L’ingérence face aux ingérables.