Une approche d’anticipation spéculative et critique
visant à inspirer de nouvelles visions du futur,
de manière non prédictive (« le futur sera ainsi »),
et non prescriptive (« le futur doit être ainsi »),
mais plutôt en matérialisant des imaginaires et des perspectives
afin de susciter le débat et d’ajuster les directions prises aujourd’hui.

Autrement dit, le Design Fiction est une démarche qui donne à voir et à faire l’expérience de futurs possibles, critiques comme fédérateurs.

Notre pratique du Design Fiction puise dans la prospective, la science-fiction et la sociologie des imaginaires :

• À la prospective, nous empruntons l’étude rigoureuse des mégatendances et des signaux faibles,
• À la science-fiction, l’extrapolation radicale, la critique éthique et la mise en garde par le récit,
• À la sociologie des imaginaires, l’analyse de ces représentations qui influencent les choix et font naître les controverses.

Lorsqu’il s’agit d’explorer de nouveaux horizons, nous avons la conviction qu’en faire l’expérience permet d’aller là où la donnée ne va pas. Le Design Fiction trouve son équilibre entre la projection objective propre à la prospective et la projection subjective permise par la science-fiction et des imaginaires.

• Se projeter dans des futurs (de 5 à 30 ans) et des présents alternatifs, avec des fictions qui posent la question « Et si ? » pour bousculer le « business as usual ».
• Approfondir et clarifier des problématiques complexes plutôt que d’y apporter une réponse hâtive.
• Raconter des futurs à l’échelle du quotidien pour mieux s’y projeter intimement ou collectivement.
• Mobiliser les imaginaires comme une matière première avec laquelle converger ou diverger.
• Construire des provotypes — ou prototypes provocants — qui font appel à la friction pour catalyser l’imagination et la discussion.
• Mener des explorations sur-mesure pour s’adapter avec finesse au caractère complexe, sensible, et mouvant des sujets abordés.

L’Anticipation Critique

• Comprendre et discuter les applications et les implications d’une transformation ou d’une innovation, afin d’affiner sa vision, sa stratégie, voire sa raison d’être.
• Développer son acculturation, organisationnelle ou individuelle, à la complexité, l’incertitude et l’urgence inhérentes aux crises.
• Se préparer à faire face aux futurs et travailler sa résilience, son antifragilité et son agentivité, en répétant les situations avant qu’elles ne se produisent.

L’Ouvre-Imaginaires

• Renouveler ses inspirations et ses représentations du monde, en réponse à la « panne des imaginaires » (N. Nova).
• Proposer des alternatives radicales et/ou souhaitables, à même de rompre avec le statu quo et de le rendre visible par la même occasion.
• Regagner le sens du temps long et reprendre de la hauteur, en s’extirpant de la contrainte des métriques et de l’opérationnalité.

L’Éthique Réflexive

• Questionner ses pratiques et ses impacts en tant qu’acteur économique, social ou culturel.
• Débusquer les angles morts et les impensés nichés dans les activités et les processus d’une organisation.
• Prendre conscience des croyances, des emprises et des interdépendances qui conditionnent, et parfois entravent nos modes actuels de « penser » et de « faire ».

La coopération et la participation font partie des valeurs cardinales de notre pratique, avec une posture spécifique que nous appelons le co-Design Fiction.

Une démarche ouverte par le co-Design Fiction peut prendre de nombreuses formes pour respecter le contexte dans lequel elle s’inscrit et les personnes qu’elle mobilise :

• La co-construction de récits de futurs communs ou critiques,
• La mise en débat et l’analyse collective de scénarios,
• Le crash-test prospectif de nouvelles idées, stratégies, produits ou services,
• L’outillage de parties prenantes et collectifs mobilisés, pour évaluer des enjeux émergents et façonner ou diffuser leurs visions pour demain.

Inviter les acteurs et les publics à un détour collectif par demain tient autant de l’impératif méthodologique — une pluralité de points de vue contribuant à envisager une variété de futurs — que de l’engagement éthique. Car, comme l’affirme si justement le futuriste Stuart Candy, penser — et, par extension, panser — les futurs devrait « davantage tenir du droit que du privilège ».

Le Game Design Fiction est un terrain de jeu exploratoire qui associe les atouts de la médiation ludique et du Design Fiction, afin de rendre l’exploration des futurs encore plus accessible.
Ces deux approches ont en commun de recourir à la narration pour faciliter la projection dans des situations futures et tester des alternatives.

Le Game Design Fiction tire ainsi parti des extrapolations du Design Fiction et de l’interactivité des jeux (vidéo, de cartes, de plateau, de rôle) en expérimentant différentes méthodes :

• Appliquer des mécaniques de jeu pour créer des scénarios de design fiction.
• Transformer un scénario prospectif en expérience immersive via le jeu.
• Utiliser le jeu comme lien entre plusieurs facettes d’un futur spéculatif.

En s’appuyant sur des travaux émergents autour des « anticipation games » et « future gaming » (S. Candy, P. Coulton & J. Lindley, J.A. Sweeney), le Game Design Fiction cherche à démocratiser les réflexes de l’anticipation stratégique et favoriser une pensée collective orientée vers l’à-venir.

Le Design Fiction ne saurait se résumer à la seule exploration des futurs.
Et pour cause, il arrive que la réponse à demain se trouve dans un autre aujourd’hui !

Nous jouons avec l’uchronie pour raconter des présents alternatifs. Grâce à la fiction, nous modifions un ou plusieurs événements du passé — proche ou lointain — pour imaginer ce qui aurait pu se passer différemment et ce que cela aurait changé pour le monde.

Appliquée aux enjeux d’un territoire, d’une organisation ou d’un secteur d’activité, l’uchronie par le Design Fiction revêt des atouts insoupçonnés :

• Casser les déterminismes (économiques, technologiques, politiques) qui tendent à faire dire que « cela ne pouvait pas être autrement ».
• Questionner les facteurs de changement ou de rupture sous-estimés ou ignorés à l’époque, afin de mieux reconnaître leurs équivalents demain.
• Se redonner des marges de manœuvre en réfléchissant à ce qu’il est encore possible d’entreprendre, avec cet héritage du passé, afin de réorienter la trajectoire prise vers une finalité plus favorable.

Autant de raisons qui font que les présents alternatifs se révèlent être un précieux complément aux futurs possibles. Revisiter le passé et réinventer le présent par le Design Fiction uchronique participe à une meilleure préparation face à des situations analogues pouvant se produire dans un futur proche, en échappant à des schémas bien ancrés et en considérant l’impensé.

« L’atterrissage » des futurs dans le présent est sûrement l’étape la plus délicate d’une exploration par le Design Fiction. Elle vise à en tirer des enseignements qui éclaireront la prise de décision et le passage à l’action. Ce temps de structuration et de mise en perspective des échanges fait notamment apparaître :

• Les arguments et prises de position en faveur ou défaveur d’une vision prospective,
• Les pistes d’adaptation opérationnelle, de transformation stratégique, ou de résistance collective à un phénomène,
• L’évaluation de choix possibles et l’analyse d’imaginaires à l’œuvre
• Les modes d’engagement de publics et d’acteurs autour d’enjeux systémiques.

Au-delà d’appuyer des réflexions et des actions à la lumière des futurs, une démarche de Design Fiction contribue à infuser une culture de l’anticipation et de l’imagination au sein des organisations et des communautés qui l’emploient.